Ventilo, n°370, Marie Anezin, 23 mars 2016
[…] « Ce qui est déterminant dans ce que je fais en dessin ou en BD, c’est de me baser sur des lieux. » [+]
BANDES ORIGINALES. Loin d’avoir livré tous ses secrets, la BD se renouvelle par les marges sous l’égide des Rencontres du 9e Art. Tour d’horizon du festival en plein Aix. […] Le Programme Immersion est lui aussi un objet inclassable comme le festival les aime. Son auteur, Léo Quievreux, est d’ailleurs un habitué de Marseille. Il y avait notamment présenté quelques feuillets au Salon du multiple et de la micro-édition Vendetta, en décembre dernier à la Friche, et demeure un proche collaborateur de l’écurie du Dernier Cri. Il exposera cette fois à la galerie Vincent Bercker une sélection de planches tirées de son dernier ouvrage (paru aux Éditions Matière), mais aussi de Anyone 40 : « C’est souvent intéressant d’exposer les originaux. Ils offrent une autre vision du travail ; on peut déceler la technique employée, d’éventuelles retouches… C’est aussi une autre façon de s’immerger en un instant T dans la création. » Quievreux est attaché à l’urbain, à la ville. Pour Le Programme Immersion, il s’est notamment inspiré d’Aubervilliers, de son renouvellement de population, des traces industrielles passées qui jonchent son espace, témoins d’un temps révolu. Ce quelque chose d’instable qui s’en dégage, et qui l’inspire : « Les endroits sont très importants pour moi. Ce qui est déterminant dans ce que je fais en dessin ou en BD, c’est de me baser sur des lieux. Non pas de les transposer d’une manière forcément réaliste, mais de retranscrire des choses vécues en les réinterprétant. J’aime laisser du flou. » Pour Le Programme Immersion, le polar est un point de départ (il affectionne particulièrement James Ellroy), à partir duquel il fait de lieux communs des singularités cognitives spatio-temporelles. Ses livres demeurent autant d’objets impossibles à définir… [-]