Parcours des arts, n°40, Marie Claudel-Dumet, 1 octobre 2014
Mais l’expérience va au-delà. [+]
Yokoyama, sans case fixe.
Auteur de mangas ? Certes. Illustrateur ? À ses heures. Peintre ? Sans l’ombre d’une hésitation. Yûichi Yokoyama donnerait bien du fil à retordre à tous ceux qui aiment classer, ranger, mettre dans des cases. Car les cases, il s’en moque. À l’exception de celles qu’il remplit, le feutre ou le pinceau à la main. « Yokoyama transcende les genres artistiques. Il a choisi la bande dessinée comme support privilégié, mais il n’a que faire des frontières. Il conçoit une case de bande dessinée comme une peinture, et mélange les techniques selon ses envies », explique Arnaud Fourrier, directeur du Pavillon Blanc [Colomiers]. Inutile donc de franchir les portes du centre d’art en pensant aller feuilleter des mangas. Car cette exposition s’avère incontestablement très dépaysante. Textes réduits au strict minimum, narration parfois décousue, graphisme souvent très abstrait… C’est dans un monde urbain et technologique que les personnages se croisent au fil des planches. Mais l’expérience va au-delà. « L’exposition est centrée sur les liens entre peinture et mangas. La série “Color Engineering” par exemple est une étude de couleurs. Nous présentons aussi une série de trois vidéoprojections qui se succèdent, telles des cases de bande dessinée. » Rencontrant un succès grandissant dans son pays, ainsi qu’en France et aux États-Unis, Yokoyama donne libre cours à une forme d’abstraction assez étrange, peu commune dans l’univers du manga, et vraiment fascinante. [-]