[…]
Dans sa bande dessinée, en deux volumes, Jérôme Dubois opte pour une disparition des humains dans un cadre urbain laissé à l’abandon, devenu une suite de ruines. Entre le premier volume —
Citéville — et le second —
Citéruine — le temps a fait son œuvre, les barrières sont cassées, les murs décrépis, les haies ne sont plus coupées, etc.
Il est presque dommage que dans le deuxième volume les bâtiments soient en ruines car la beauté des lignes qui les composent et le tracé des ombres, à la manière de trames Mecanorma transfert, donnent à l’ensemble une beauté plastique à couper le souffle. Néanmoins le gommage de tous les êtres vivants des cases du premier volume interpelle.
Toutes les histoires mettent en scène des personnes plus horribles les unes que les autres
; leurs apparences sont difficiles à regarder tellement elles sont toutes physiquement répugnantes, leurs conduites au quotidien terriblement abjectes, et pour couronner le tout, leurs seules présences dans les cases provoquent une envie de les faire disparaître car elles obstruent les compositions urbaines aux dimensions géométriques abstraites. À cet endroit, le second volume devient salvateur. Nous sommes reconnaissants envers l’auteur d’avoir opté pour une disparition totale de la race humaine.
Seul au monde, le réseau des caméras de surveillance pourrait contempler à l’infini et pour l’éternité, l’environnement bâti d’une espèce devenue incapable de vivre ensemble.
[…]
[-]