Brain magazine, Diane Lisarelli, 18 avril 2018
[…] Objets promotionnels, ces documents participent de l’infiltration d’une esthétique nouvelle dans la culture populaire [+]
UNE HISTOIRE CONFIDENTIELLE DU ROMAN-PHOTO
[… Raymond Cauchetier,] le plus célèbre photographe de plateau de la Nouvelle Vague fut en effet aussi rédacteur en chef de la revue spécialisée Chez Nous — pour qui il adaptera notamment Balzac. C’est lui qui signe deux des adaptations d’À bout de souffle dont il est question dans le très bel ouvrage publié cet hiver par les Éditions Matière : Contrebandes Godard 1960-1968. Ces documents jusqu’alors considérés avec réserve par les spécialistes témoignent pourtant de la fabrication de l’œuvre godardienne, comme l’écrit Pierre Pinchon dans le passionnant texte d’introduction de ce beau livre qui réunit également le ciné-roman voulu par Godard pour accompagner la sortie d’Une femme est une femme ; le faux journal promotionnel conçu pour la promotion d’Alphaville ; ou Journal d’une femme mariée, l’adaptation graphique du film éponyme co-signée par Godard et Macha Méril.
Objets promotionnels, ces documents participent de l’infiltration d’une esthétique nouvelle dans la culture populaire mais permettent aussi de contourner l’interdiction des films aux moins de 18 ans ou la censure politique. Ainsi, quand en 61, Le Petit Soldat est interdit pendant trois ans par le ministre de l'Information, Godard fait paraître avec la complicité des Cahiers du cinémal’intégralité des dialogues accompagnés de photogrammes du film sous le titre « Bandes paroles par Jean-Luc Godard ». […] [-]