Un an et demi après
World Trade Angels (Denoël Graphic), remarquable bande dessinée déjà évoquée sur ces pages, Laurent Cilluffo nous propose
New Wanted aux Éditions Matière.
Ce récit graphique d’une course-poursuite mettant en scène un homme-sandwich nous donne l’occasion de retrouver le trait minimaliste et la ligne claire très moderne de l’artiste français mais aussi de nous confronter à une conception totalement originale de la mise en page et de la narration. Caractérisé par des doubles pages quadrillées, l’absence de cases, la simultanéité des actions, la multiplicité des sens de lecture et bien d’autres surprises,
New Wanted ne manque pas d’interroger le lecteur.
Autant de bonnes raisons de revenir vers le dessinateur pour un nouvel échange plutôt animé qui, j’en suis sur, vous incitera à découvrir l’ouvrage et à vous faire votre propre opinion sur son contenu. Merci d’avance de nous livrer vos commentaires pour enrichir la réflexion.
Je tiens à rassurer par avance les âmes sensibles qui pourraient croire, à la lecture de cet entretien, que Laurent Cilluffo et moi, nous en soyons venus aux mains pour défendre nos points de vue respectifs. Si l’échange a été vif, il est resté courtois. Nous sommes des gens bien élevés.
Klare Lijn International : Qu’est-ce qui vous a motivé dans ce nouveau projet ? Quelles étaient vos envies en attaquant New WANTED ?
Laurent Cilluffo : En 2004, à la parution de
Color Star chez Un sourire de toi et j’quitte ma mère, je reçois un message d’un certain Laurent Bruel, se présentant comme étant un des responsables des Éditions Matière. Attiré par ma contribution à cet ouvrage collectif, il me demande si je serais intéressé par l’éventualité d’une collaboration. Je lui fais alors parvenir deux de mes « réalisations » imprimées que je désire développer sur un format livre et c’est
Come and Visit qui emporte le morceau. En 1999, j’avais été contacté par les éditions moreno & co pour participer au lancement de leur nouvelle série intitulée « les grandes surfaces ». Il s’agissait à l’origine d’un travail plastique grand format (69 x 46 cm), assez semblable à celui d’une carte routière et censé être imprimé recto-verso. Pour des raisons techniques, nous en resterons à une simple impression recto, mais en 2000,
Come and Visit était né. Passer d’un format affiche à celui d’un livre, travailler sur les limitations physiques de cette traduction, telle était la base de ce nouveau projet.
KLI : Quelles influences et références planaient au-dessus de vous quand vous avez eu l’idée de ce récit ? Le communiqué des Éditions Matière évoque Hitchcock et Saul Bass ? Véridique ?
LC : Il me semble que le communiqué en question ne fait qu’évoquer ces deux artistes. Il n’y est pas fait état d’influences. Je pense d’ailleurs que dans son argument, Laurent Bruel emploie ces références « pour soutenir des exemples d’invention, non pour avancer des analogies formelles ». Je me permets de citer ici ses propres termes alors que je lui avais fait part de mes propres réticences quant à l’utilisation de références. Pour en revenir à ce que je disais lors de notre précédent dialogue, toute vie est parsemée de choses lues, vues, entendues. Il en résulte une masse informe d’où parfois ressortent certains éléments. Certains auteurs utilisent la citation littéraire ou visuelle comme moteur de leur travail ce qui est une méthode tout à fait légitime et qui peut être porteuse d’une certaine richesse, mais ce n’est pas l’ambition ici.
[lire la suite de l’entretien sur le site
Klare lijn international]
[-]