[…] Japanese art comics icon Yūichi Yokoyama pushes the basic codes of manga so far [+]

Japanese art comics icon Yūichi Yokoyama pushes the basic codes of manga so far that his work enters alien territory. In books like Travel, geometrically rendered speedlines take center stage. In Baby Boom, first published in Japan by East Press in 2009, his abstraction yields, instead, casual full-color marker drawings that express gently humorous vignettes about a vaguely parental relationship. [-]

[…] Ce livre est tellement beau qu’il est parvenu à briser le froid caractéristique du métro londonien [+]

Ce livre est tellement beau qu’il est parvenu à briser le froid caractéristique du métro londonien. Alors que je le lisais dans le métro, des gens ont commencé à me questionner : « Qu'est-ce que c’est ? Que lisez-vous ? Laissez-moi voir… », et se sont mis à le lire à côté de moi. Il est plein de couleur et de mouvement : on ne se lasse pas de le regarder. [Questo libro è talmente bello da aver infranto il gelo tipico della metropolitana di Londra. Una volta, lo stavo leggendo in metro e della gente ha iniziato a chiedermi « Cos’è ? Cosa stai leggendo ?… Fammi vedere… » e se lo sono letto accanto a me. È pieno di colore e movimento e non ci si stanca mai di guardarlo.]   [-]

[…] Non pas tant raconter une histoire mais plutôt matérialiser des flux énergétiques [+]

Yûichi Yokoyama est certainement l’un des créateurs les plus singuliers apparus ces dix dernières années. Sa démarche consiste non pas tant à raconter une histoire mais plutôt à matérialiser des flux énergétiques. Ce que l’on peut voir dans les cases (personnages, objets, décors…) forme un ensemble de motifs au sens musical du terme. L’auteur expliquait il y a quelques années que ses personnages n’en étaient pas. Dénués de psychologie, ce sont, au même titre qu’un arbre ou une automobile, des éléments visuels. Si Baby boom s’apparente, comme les titres précédents, à une explosion visuelle jubilatoire, l’ouvrage marque aussi une évolution sensible. Les deux créatures ornithomorphes qui tiennent lieu de protagonistes ne sont plus des objets désincarnés. Avec des moyens minimaux, Yokoyama se livre à une description de la tendresse filiale dont je ne connais comme équivalent que le Vater und Sohn d’E. O. Plauen. [-]

Sans nul doute l’album le plus humain et le plus doux de Yokoyama [+]

Baby boom est un recueil composé de 44 courts récits écrits et dessinés par Yokoyama Yûichi (dont vingt ont été pré-publiés entre mars 2008 et octobre 2009 dans Web designing et un dans Numéro TOKYO). Nous retrouvons un personnage familier de l’univers de l’auteur japonais, dont nous assistions à la naissance sous forme de rite initiatique dans Travaux Publics (sorti en 2004 chez le même éditeur) : un corps d’homme assorti d’un visage sphérique qu’un bec vient animaliser. Il est ici accompagné d’un poussin dont il est le père, poussin qui ressemble plus à une boule aux contours peu définis et munie de membres qu’à un véritable animal. Yokoyama Yûichi délaisse ainsi pour cet album les récits futuristes aux univers étranges et déshumanisants qui ont marqué son œuvre. S’il ne s’intéressait alors que peu à la psychologie des personnages et aux liens qui pouvaient se tisser entre eux, ces questions sont au centre des péripéties qui prennent ici une véritable dimension humaine. Il y a de la tendresse dans ces récits qui narrent des instants simples et anecdotiques que les titres illustrent bien : “Le bain”, “Pluie”, “Au square” ou encore “Pliages” (je m’arrête ici mais ils pourraient tous être cités). Il y a beaucoup d’humour dans ces scénettes qui ont parfois la fraîcheur de l’authenticité. Leur brièveté prend aussi la forme d’une certaine délicatesse : l’auteur s’arrête dans le temps pour proposer un instant de vie et nous faire entrer dans l’intimité de ces deux personnages. Ils entretiennent une relation forte et nous sentons une grande complicité qui dépasse parfois le cadre familial tel que nous pouvons le concevoir, comme par exemple lorsqu’ils vont en discothèque ensemble. Ils agissent comme s’ils comblaient, par la présence qu’ils s’apportent, l’affection qu’une femme apporte à un foyer mais qui est absente de ces pages. Il se dégage une impression d’innocence, d’insouciance du temps qui passe. Central dans l’œuvre du Japonais, le mouvement reste omniprésent, au cœur d’une narration rythmée qui ne perd jamais son souffle (mais qui sait parfois prendre le temps d’installer une ambiance calme et posée). La légèreté et l’humanité de ces récits contrastent avec l’austérité et la rigueur que certains éprouvaient dans les précédentes productions de Yokoyama Yûichi. Cette rupture est aussi marquée par l’abandon de l’encre de chine pour les feutres de couleurs et un dessin plus spontané. L’auteur japonais va utiliser des feutres en expérimentant cet outil peu utilisé en bande dessinée, tout en gardant un dessin principalement au trait. Choisissant deux couleurs par récit (ou parfois même par page), l’auteur explore les possibilités graphiques d’un tel choix et offre des planches dynamiques et vivantes. Il va même jusqu’à changer de couleurs dans le trait des cases et dessiner, comme dans le récit “La balle”, des vignette dont les côtés sont tous de teintes différentes. Ces expériences sont avant tout d’ordre esthétique, mais peuvent devenir narratives quand certaines variations deviennent redondantes ou qu’elles s’inscrivent dans une logique de récit. Les onomatopées ont (comme toujours chez Yokoyama) une très forte présence dans l’image. Dessinées sur l’image de la case (alors qu’elles sont elles-mêmes images), au feutre, elles semblent parfois flotter, habitant les vignettes comme une ombre fantomatique lorsqu’elles sont bien plus claires et fluo que le dessin des personnages. Dans le cas contraire, elles encadrent le dessin et le structurent, comme dans le récit “À la campagne”. Il faut ici saluer le travail de l’éditeur qui s’est efforcé d’arriver au plus près de la force des dessins originaux. Pour cela, le livre a bénéficié d’une impression spécifique en six tons directs qui restitue l’éclat des feutres de l’auteur. Dans le même mouvement qui s’affranchit du noir et blanc pour laisser les couleurs jaillir, Yokoyama libère son trait qui se fait alors moins précis, plus riche et expressif. Sans crayonné, l’auteur abandonne la maîtrise qui pouvait enserrer son dessin pour une pratique relevant plus de l’improvisation et du spontané. Cette schématisation des dessins et l’utilisation des feutres renvoient bien évidemment à l’enfance qui baigne ces pages. Si l’auteur change instinctivement de feutres, ses mises en pages varient elles aussi à chaque histoire, et encore une fois, parfois même à chaque page : il peut ainsi passer d’un gaufrier dense d’une quinzaine de cases à des planches très dynamiques avec des cases traversant la page suivant une diagonale, s’agrandissant ou rétrécissant. Yokoyama joue avec brio de l’expressivité de telles compositions qui épousent les mouvements internes des cases et intensifient leur force. Les vignettes se retrouvent modifiées par l’énergie qu’elles contiennent jusque dans leur forme. Elles contaminent ainsi la page en bousculant l’organisation normée des cases, faite de parallèles et de perpendiculaires. Dernier détail amusant : dans les planches de Baby boom, les cases sont tracées à la règle, tout comme les onomatopées mais au contraire des traits de vitesse. Ainsi, l’auteur considère la case et les onomatopées comme des signes appartenant à une grammaire commune, différente des traits de vitesse et des dessins des personnages ou des décors (qui sont eux bien plus rarement traités de même). Par contre, les seules bulles qui apparaissent (il y en a dans cinq cases de la page 153) sont dessinées à main levée. C’est-à-dire qu’elles relèveraient plus d’une grammaire proche des traits de vitesse que des onomatopées. Yokoyama a ainsi une vision bien particulière et intéressante de la sémantique de la bande dessinée et l’éprouve dans des compositions éloquentes et inattendues. Baby boom est sans nul doute l’album le plus humain et le plus doux de Yokoyama, fait de l’accumulation de récits d’intimité et de tendresse partagée. C’est aussi certainement son livre le plus drôle. Exposé à la galerie Anne Barrault, l’artiste japonais intrigue le milieu de l’art contemporain tout comme celui de la bande dessinée. D’albums en albums, il bâtit un univers foisonnant dont ce dernier livre dévoile une part sensible que nous ne pouvions que deviner. [-]

For a reader who has read and looked at too many comics and drawings in his lifetime, this book might just restore his faith in the medium [+]

Yuichi Yokoyama’s Baby boom, out since November 2013 from French publisher Éditions Matière, could be described as a work of sequential drawing in its purest form. For the inexperienced reader it might prove a challenge to read, since its language is, apart from the omnipresent onomatopoeia, purely visual. It is a collection of forty-five short comics chronicling the “adventures” of a bird-man and a baby chick that looks like a dandelion puff — or an explosion, for that matter, if the title “Baby boom” is any indication. Much like in Yokoyama’s other comics, the characters are almost completely devoid of personality or psychology. The subject of the stories, then, seem to be the actions of the protagonists rather than what drives them; the reader never gets to glimpse at what might be the reason or the motivation for their actions. The drawings are a singular study of movement, speed and sound. This might seem familiar for readers of Yokoyama’s other works, which tell depersonalized stories of bodies in movement (such as Voyage) or even movement without bodies at all, as in Travaux publics, where anthropomorphic figures only appear as observers and removed operators of an automated and enigmatic terraforming and landscaping mechanism. Baby boom, however, adds humour to the equation and also marks a departure from Yokoyama’s signature clean black-and-white drawing style. The originals for Baby boom were drawn with pigment-ink markers, provided to Yokoyama by his Tokyoite gallery Arataniurano on the occasion of a public drawing performance. They seem to have been done very quickly and could be mistaken for storyboard sketches, but it is exactly this quality that gives them their incomparable spontaneity. On the production side, publishers Laurent Bruel and Nicolas Frühauf captured the spirit of the original drawings by printing the book not with the usual four colour printing process, but instead by choosing together with Yokoyama six Pantone colours which most closely reproduced the effects of contrast present in the originals. This results in incredibly luminous colours that could never have been achieved with a standard printing process. For a reader who has read and looked at too many comics and drawings in his lifetime, this book might just restore his faith in the medium and remind him of the joy that can be procured from looking at a sequence of interconnected images. It achieves this by going back to the very basics: the story titled “The ball”, for example, explores over eight pages the simple action of throwing back and forth a baseball. We see the thrower leaning back and throwing the ball, the ball flying, the catcher readying himself and catching the ball, throwing it back, and so forth. Gradually, the force that the bird-man and the baby chick put behind their pitches rises: they have to run fast and reach out in order to catch the ball, until the throwing becomes so vigorous that both start to miss the ball, sliding on the ground as the ball zooms past them. The drawings mirror the ever more extreme movements and actions — perspectives become more radical and movement lines stronger. In the end, the baby throws the ball too far and the two protagonists look on it as it floats away in a river. But even if this ending might be interpreted as the “joke” or “point” of the story, it only serves as an alibi of a finale, since it is evident that what this eight-page exercise is about is seeing the protagonists throw, run, reach, jump and slide with an ever-increasing intensity. In all of the stories, the baby chick remains absolutely stoic. It has a distinguishable beak, as well as pair of eyes, but they never seem to express anything. Any kind of emotion has to be inferred by the reader while taking into account the context of the story. It is exactly this absence of expression and the total reliance on context that make the comics incredibly funny. After the baby chick is introduced in the first stories as a “baby-like” character (It gets fed, put in a stroller, bathed, and so on), the reader soon gets to observe it doing utterly un-baby-like activities: Cleaning the house, diving in the sea, dancing wildly in a disco, riding a horse and cooking a full meal with the help of a very sharp knife... while keeping a perfect pokerface. We even see it in the role of a gangster boss in “Bad neighbourhood” (“Quartier louche”) and, multiplied, as a variety of subaquatic species in “Great blue” (“Grand bleu”). At the end of the book, the reader discovers a final enigma: a section named “Description of the pages by the author”, which contains a sort of voice-over text for some (but not all) of the stories. The peculiar thing about these descriptions is that one would suppose that the author might reveal something elucidating about the story or his intentions behind it, but this is not the case. Instead, the reader discovers that the commentary describing the pages in fact raises more questions than it answers. As an example, the first page of the first story in the book. One is under the impression that Yokoyama is writing this description not from the perspective of an omniscient author, but rather from the perspective of a reader who sees the comic for the first time. He even starts to speculate about the meaning of the drawings, where one might suppose that he would use the commentary to “explain” what is not evident from looking at the image. Thus, the reader experiences a doubling of the strangeness of the narrative. Instead of piercing the enigma that surrounds the images, Yokoyama merely adds a layer of textual enigma. Or, as the other side of the same coin, he provides information that is not at all hinted at in the images, such as in “Great blue” (“Grand bleu”). Here it seems that Yokoyama allows us to have a glimpse of his own associations when looking at his images, associations that are drifting off either to anecdotal facts (70%...) or constant repetitions: Yet another unknown species! Combined with the ever-present face of the baby chick on all the strange underwater creatures, we are confronted with an utterly confusing, but at the same time incredibly funny and cheerful multitude of significations which leaves us with our mouths agape in amazement. An amazement, by the way, that seems to be one of the main recurring sentiments that Yokoyama’s stories seek to communicate: more often than not the stories in Baby boom, but also the stories in his other collections, end with a grand magnificent panorama of something marvellous. A very rare posture for an author considered to be part of some sort of independent scene (And whose members usually practice either humility or irony). Yokoyama, on the other hand, almost seems to be a Futurist born a century late with all his fascination for speed, movement, and technology. And yet, a look at his commentary shows that these endings are often open and seldom definitive: the last story in the book ends with a great number of babies exiting a spacecraft and flying off into space, and Yokoyama asks: “Where could they be going?” His answer, to himself: “They are going to the other planet to see if there are clouds and oceans like on Earth.” Just as he is asking, this time without answer, at the end of the first story in the book: “All the children, united in a great crowd and illuminated by the sun, are commencing to traverse a huge park. Where are they going?” Yokoyama marvels at his own stories. And we marvel with him. [-]

C’est de la bande dessinée expérimentale “cute”, disons-le [+]

Yûichi Yokoyama est un mangaka d’avant garde, on peut le dire comme ça, […] qui travaille dans un style expérimental. C’est presque de la bande dessinée d’animation. Il y a un sens du mouvement chez lui qui est absolument hallucinant : son découpage vient créer un rythme de lecture — imposer un rythme de lecture, je dirais. La dernière fois que j’ai lu un livre de Yokoyama — c’était Explorations, paru en 2011, c’était son précédent —, ça a un petit peu fait sauter ma conception de la bande dessinée. C’est le genre de livre que tu lis en te disant : « Ça peut être ça aussi de la bande dessinée ». Il y a notamment une séquence de pluie dans l’une des histoires d’Explorations où finalement on finit par entendre les gouttes et sentir leur rythme battant, c’est hallucinant, hallucinant. Complètement hallucinant ! Et je pense que Baby boom est quand même un livre hallucinant. C’est son premier livre en couleur. Et quelles couleurs ! […] C’est un livre dont on peut difficilement parler, par contre on peut le mimer… ou juste lire les onomatopées. Parce que c’est un livre absolument muet, mais le son est très plaisant, pas seulement de façon sonore mais aussi visuelle : les onomatopées prennent une place super importante dans l’image. Ça marche vraiment bien et ça rythme vraiment la lecture […], c’est super dynamique, ça va super vite. Une fois qu’on s’est un minimum entraîné, l’œil comprend super vite l’information et les codes de couleurs […]. Le trait est super simple, en même temps les perspectives sont incroyablement dynamiques. C’est de la bande dessinée expérimentale cute, disons-le. C’est d’un mignon : c’est la rencontre rêvée entre l’expérimentation formelle et l’adorable du quotidien. […] Checkez-le : c’est rébarbatif de prime abord, mais c’est vraiment super chouette. [-]

Ni manga, ni bande dessinée, ni roman graphique, ce recueil de récits [+]

Ni manga, ni bande dessinée, ni roman graphique, ce recueil de récits très rapides laisse exploser la joie et l’insouciance propres à l’enfance. On retrouve le trait vigoureux de l’artiste qui brosse avec enthousiasme les activités des deux personnages principaux, l’oiseau, sorte de double de l’auteur, et le poussin. Une attention particulière a été apportée à l’impression : en photogravure et 6 couleurs offset. [-]

Yokoyama est un formaliste généreux [+]

12 BD pour Angoulême.  […] Yokoyama est un formaliste généreux : chaque livre est une nouvelle expérience graphique, souvent quasi géographique, exploration d’un territoire ou d’un espace, quasi psychédélique, mais avec toujours une énergie quasi Bauhaus. Ici, il cède aux feutres, aux couleurs et à la bichromie et met au point son livre le plus ambitieux, sans doute, graphiquement. Relevant à la fois de l’essai enfantin, du minimalisme hypnotique et du roman graphique, Baby boom joue à repousser les codes de la BD, atteint les limites de la lisibilité tout en étant toujours hyper construit, clair et abstrait en même temps. Une performance. […] [-]

Un père oiseau et son enfant poussin vivent des aventures du quotidien [+]

Un père oiseau et son enfant poussin vivent des aventures du quotidien. Sous un dessin foisonnant, Yûichi Yokoyama propose un formidable précis d’éducation, basée sur l’enthousiasme, l’entente, l’émulation et la bonne humeur. Les différentes saynètes sont sous-tendues d’un humour absurde et jouent sur les situations incongrues. Yûichi Yokoyama est un artiste et un magaka né en 1967. Il a étudié la peinture avec l’objectif de devenir peintre, et dessine des mangas depuis les années 2000. Un véritable talent entre manga, art contemporain et manie de l’enregistrement compulsif. [-]

Les Éditions Matière éperonnent le texte en images et les codes de la bande dessinée [+]

Les Éditions Matière éperonnent le texte en images et les codes de la bande dessinée. Sans dialogue mais une poignée d’onomatopées, ligne d’une qualité d’impression rare — on croirait toucher l’encre du feutre à peine sèche —, ce Baby boom japonais en atteste. Attention : parcourir les planches de droite à gauche, sous peine de pédaler à l’envers !   Éditions Matière présents Japanese Yûichi Yokoyama’s text in the form of a graphic novel. No dialogue but a handful of onomatopeic words, and beautifully printed lines seem like pen strokes of barely dried ink. Be sure to read the panels from right to left, or you’ll find yourself pedaling backward! [-]

des situations dignes des épisodes de la série pour enfants "Martine" [+]

L’envolée. Il faut tout d’abord que l’œil s’habitue aux couleurs criardes, puis il faut trouver la bonne distance avec la page pour appréhender les dessins, voir ce qu’ils représentent. Mais quel délice alors que de plonger dans l’univers fou de Yûichi Yokoyama. Dans Baby boom, la mangaka imagine une multitude de courts épisodes muets (avec des explications sybillines en fin de volume), dans lesquels il met en scène les mésaventures quotidiennes d’un père — représenté en costume d’oiseau, avec un casque à bec — et son fils, un poussin rondouillard. Yûichi Yokoyama reprend quelques éléments distinctifs de ses précédents et fascinants albums — hommes costumés et masqués, pages découpées en cases parallélépédiques, utilisation des onomatopées. Il s’éloigne néanmoins de ce qui avait fait sa marque de fabrique, à savoir un jeu en noir et blanc sur les volumes, la géométrie et les perspectives, qui aboutissent malgré l’abstraction à un récit haletant. Surtout, Yûichi Yokoyama utilise ici pour la première fois la couleur, et quelle couleur ! Chaque épisode est réalisé au feutre en un, deux (la plupart du temps) ou quatre coloris pétants et en surimpression. Derrière ce feu d’artifice, on découvre donc cet étrange couple dans des situations dignes des épisodes de la série pour enfants Martine : papa et poussin au square, papa et poussin font le ménage, papa et poussin prennent l’avion, papa et poussin en forêt. Les deux protagonistes, parfois accompagnés d’une ribambelle d’amis du poussin (bébés lapins, pingouins ou animaux non identifiés), semblent vivre à toute vitesse — le dessin toujours vif et rapide de Yûichi Yokoyama adopte ici une spontanéité ébouriffante, donnant une impression de tourbillon. Deriière ce style graphique frénétique — on a parfois l’impression d’avoir affaire à un flipbook mis à plat —, Yûichi Yokoyama établit pourtant un formidable précis d’éducation, basée sur l’enthousiasme, l’entente, l’émulation et la bonne humeur. Les différentes saynètes sont sous-tendues d’un humour absurde et jouent sur les situations incongrues (papa et poussin s’éclatent en boîte). Comme pour mieux montrer que le père apprend au fils tout ce qu’il faut finalement savoir de la vie : s’amuser. [-]

Cet auteur-là est dans une expérimentation pure et dure [+]

[…] Cet auteur-là est dans une expérimentation pure et dure. C’est l’histoire d’un homme à tête d’oiseau et d’un poussin qui expérimentent des jeux. Ce sont de très courtes histoires. C’est très rapide. Yokoyama travaille uniquement sur la rapidité. Qu’est-ce que la rapidité en bande dessinée ? Et en découpage, qu’est-ce que ça veut dire ? Et en termes de couleur ? (Il y a six tons directs dont deux fluos.) […] [-]

Baby boom, nouvel opus du génie de la bouteille, Yokoyama décrit des micro-actions [+]

[…] Que faire ? Ne jamais choisir et tout faire. D’un coté le nouveau livre d’Anouk Ricard dans la collection « BDcul » — ça a l’air très drôle. De l’autre l’ouvrage de Yûichi Yokoyama accompagné de Back Cover, revue des graphistos. Baby boom, nouvel opus du génie de la bouteille, Yokoyama décrit des micro-actions se déroulants entre un homme-oiseau et un personnage-poussin (son fiston apparemment). Loin des explorations surréalistes et arides de sa bibliographie, le Maître avec un grand M dégage encore son épingle du jeu des dessinateurs et livre un ouvrage totalement singulier. Les rapides coups de feutres, qu’il maîtrise à la perfection, envoient tout chambouler sur leur passage et prouvent que Yokoyama maîtrise le mouvement à la perfection. Et que dire de l’édition ? Traité en ton direct avec une gamme pantone lumineuse et fluo que jalousent les néons des discothèques du Cap d’Agde, les couleurs tourbillonnent encore dans les yeux, une fois le livre posé à terre. C’est Nicolas des Éditions Matière qui a passé ses nuits à séparer les couleurs sur l’écran délavé de son ordinateur posé sur la table en bois à Montreuil-sous-Bois. Back Cover, pour ne rien faire à moitié, livre un délicieux ouvrage totalement japonisant où s’entrecroisent article sur l’origine des monstres au japon, couverture de manga des années Trente et reportage in situ chez — encore lui — Yokoyama, par son éditeur français lui-même, de passage à Tokyo. Bref, je ne saurais vous conseiller d’économiser votre argent et d’acheter ces trois ouvrages. […] [-]

Un excellent moyen pour se mettre de bonne humeur [+]

Vertigineux. Fidèles à cet auteur étonnant qu’est Yokoyama Yûichi, les Éditions Matière publient le sixième ouvrage de celui qui nous avait emballés avec Travaux publics et Combats. Cette fois, le dessinateur s’offre la couleur qui donne à l’ensemble de ce recueil une fraicheur étonnante et vertigineuse. On sent le plaisir qu’il a pris à réaliser ces planches. Il est communicatif et revigorant. Un excellent moyen pour se mettre de bonne humeur. [-]

[…] Yûichi Yokoyama, à la façon d’un orfèvre devant une simple feuille de papier, déploie toutes les possibilités [+]

Pigments à l’œuvre. […] Yûichi Yokoyama, à la façon d’un orfèvre devant une simple feuille de papier, déploie toutes les possibilités d’une mythologie contemporaine. Ses cases sont des successions de motifs d’une genèse en branle, de sentiers à fouler aux pierres sur des chemins, de torrents en décrues, de fuites en entassements, de chutes en métamorphoses. Il pleut puis le soleil est plombant, des personnages s’amusent puis se dérobent, ils croient atteindre un terrain mais déjà il s’effrite ; on pourrait tout faire dire aux murs et aux espaces clos et ouverts, voir en chaque élément un symbole temporel ou spatial, et associer à chaque idéogramme, ou à chaque son, une signification, mais il semble qu’il n’y ait aucune enveloppe à décacheter. […] [version intégrale à lire sur le blog] [-]

Baby boom est un feu d’artifice [+]

Des personnages déguisés, évoluant dans un décor farfelu, associés à ce trait noir, géométrique et froid, qui recouvre les pages : voilà ce que l’on croyait être la marque de fabrique de Yûichi Yokoyama, reconnaissable entre mille. Pourtant, le Japonais nous prend cette fois à contre‑pied. À peine le livre entrouvert, ce sont les couleurs, d’une fraîcheur éclatante, qui font sursauter nos pupilles. Jaune, rouge, bleu, vert, fuchsia… Baby boom est un feu d’artifice. Yokoyama a troqué sa ligne claire en noir et blanc au profit de feutres pétants, utilisant souvent deux couleurs par page (une pour les personnages, une pour les éléments du décor) magnifiquement rendues par le minutieux travail de reproduction de l’éditeur. Si bien rendues que l’on perçoit encore toute la fougue et la spontanéité du geste de l’auteur, comme si l’on parcourait les planches quelques secondes seulement après leur conception. Comme à son habitude, l’artiste tokyoïte ne nous livre aucune clé, et concocte des histoires qui n’en sont pas. Bâti autour de deux figures — un gros poussin tout rond accompagné de l’homme à tête d’oiseau noire que l’on a déjà croisé dans les précédents volumes et qui passe pour être une projection de l’auteur —, Baby boom enchaîne les saynètes dénuées de toute tension narrative. Les deux personnages prennent un bain. Les deux personnages vont au camping. Les deux personnages vont à la piscine (deux fois). Etc. Le tout sans que le moindre mot ne soit prononcé pendant les presque 200 pages du livre. Ça pourrait tourner en rond, s’avérer complètement creux. Mais une fois de plus, Yûichi Yokoyama n’a pas son pareil pour rendre excitants ses non‑récits. On jurerait des gags tirés d’un illustré pour enfants qui auraient été vidés de toute intention humoristique. Grâce au charme du feutre, à la densité de la mise en page et au rythme forcené imprimé par les onomatopées (toujours aussi tranchantes), une balade au square peut soudain virer au jeu de plateforme parsemé d’embûches, une sortie en boîte de nuit dégage paradoxalement un silence très émouvant, et une journée passée à faire le ménage atteint une frénésie digne d’une scène de combat. Comme si la pureté de l’esthétique de Yûichi Yokoyama déteignait sur ses personnages, conférant à chacun de leur geste, même le plus banal, une présence hypnotique. Comme si l’utilisation des feutres transformait chaque action en un moment magique, d’une candeur enfantine. [-]

“Shit comics are shit comics.” [+]

“Shit comics are shit comics.” [-]

It was in Baby Boom that I feel, for the first time, melancholy welling up in his work [+]

Baby Boom and the “Comics of Attraction”. […] It was in Baby Boom that I feel, for the first time, melancholy welling up in his work, precisely at the points where a fully “cinematic” or “encyclopedic” manga would “breakdown,” for example, in the representation of continuous movement, or a complete archive of things‑to‑do. I first felt this in what is probably one of the otherwise least memorable of episodes in Baby Boom, titled “Vending Machine” [“Distributeur automatique” in the French version]. The father and son walk up to a vending machine, insert money, push a button, receive their canned soft drink, share it, finish it off, and dispose of it in a recycling container. The sentimentality stems in part from the preciousness of parent and child sharing everyday life. But there is also something about this episode, and other ones as well, that reminds me of the early motion pictures of the Lumière brothers, where what was on display was often something very banal, of mild or no interest if seen in real life (workers exiting the factory, a boat leaving harbor, a train arriving into station), together forming a catalogue of everyday activities and non‑events, the sole attraction of which was there presentation as cinematic events. This was, to use a popular term from film studies, “a cinema of attractions” versus a later cinema that depended on plot and charismatic characters to enthrall audiences. […] [version intégrale à lire sur le blog] [-]

The immediate shock is that of seeing Yokoyama comics in color: bright and luminous [+]

Yokoyama’s Rubicon: Humanity/ Color/ Transcendence. […] If Garden’s final moment of humanity feels like a considered accession, however, the short works collected in Yokoyama’s next, sadly untranslated book, Baby Boom, constitute a fully committed, passionate embrace. Save for the basic element of enigma that swims over panels that stand up to scrutiny as both figurative and abstract visual information, everything about Yokoyama’s established drawing style has been upended from page one. The immediate shock is that of seeing Yokoyama comics in color: bright and luminous, Baby Boom’s marker-drawn panels have a highly appealing airiness to them, filled with strokes of hue that float against a white background, uninhibited by the pages’ total lack of black space. The artist’s use of his new tool is impressive from the first, with immediately pleasing combinations of two or three tones creating distinct grounds figure‑object separations in each panel. There’s an ease of access to every page that’s absent in Yokoyama’s black and white work, no matter whether the eye is engaging the drawings as story or abstraction. These are pictures that pull you in with sheer prettiness. Beyond the color, though, the work showcased in Baby Boom turns away from the logical acme that drives Yokoyama’s previous books in favor of something more fleeting, more felt than thought out. Yokoyama has gone back to silent comics here, and except for the lines that lay out the gridded panel borders, there is no evidence of the ruler at play on these pages. The lines that make up Baby Boom embrace the spontaneous imperfections contained in human hands — thinning and thickening, doubling back and looping over themselves, tracing the impressions of geometric shapes more than actually drafting them, condensing into joyous bits of outright scribble in the shadows and the solid blocks. Even the colored space within the thick marker lines themselves defies uniformity. Here and there it fuzzes out into the white surface of the paper, condenses into a spot of purer color to indicate extra pressure from Yokoyama’s fingertips, or pulls up and gives way to a rough grain where the strokes end. Yokoyama’s lines aren’t the flowing brush trails of Paul Pope or the spiderwebbing coils of Guido Crepax, but they’re as effective a primer in the sensual qualities of comic book artwork. Every line put on the page in Baby Boom is quick and decisive, full of an infectious joy. It’s an artistic approach that’s perfectly matched to its subject matter, which presents a series of vignettes — some barely snapshots of moments, others longer meditations on single themes — centering around the warm, definitively human interactions of two characters. Yokoyama’s character designs leave behind the look of humanity almost completely as a result of Baby Boom’s simplified graphic approach (one resembles a man’s body with a head something like a bird’s, the other a dandelion puff or perhaps a baby chick), but it’s impossible not to read the dynamic of father and son into the scenes they share. The bird-headed dad feeds the fluffy kid with a baby bottle; the kid builds a tower out of blocks that the dad helps him finish when it gets too tall; the two clean the house, visit a playground, and go to an open-air market where the dad buys the kid a chewing gum and a soda. The sense of joy in these sequences is predominant, moreso so than any one picture or idea. Some of the stories are formalist explorations — an eight-page scene depicting a game of catch between father and son changes color schemes halfway but sticks to a rigid, dense fifteen-panel grid throughout, providing an authoritative object lesson in the dynamics of back-and-forth motion across a page — while others are almost like drawing journals, consisting of hastily scrawled landscapes whose great virtue is the energy with which they’re drawn, the characters seemingly added in as near-afterthoughts. Occasionally the amount of linework squeezed into a single panel or the alien quality of the ritual being enacted on a page becomes too much, and the eye moves into a different mode of viewing, following lines instead of characters, color relationships instead of panel progression. But it never feels as though we’re missing anything: the spark of life is in these lines regardless of how successfully we’re able to piece them together. Through it all the sense of real caring — even love — between these beings is so strong that the space between their figures ends up functioning as a visual device in and of itself. The eye can’t help but close the distance between them when they share panel space, and when they don’t we end up wondering where the other one has gone. As content it’s hardly the earth-shaking experimental literature of Garden, but it feels like the only valid point of progression from that work. After taking in the world and humanity as a whole, it seems only right that Yokoyama should narrow his gaze to focus on some of the smaller stories that build the one big one, and in doing so be touched enough by the legitimacy of the emotion that they carry to create a new style for drawing them with. Each of Baby Boom’s stories, no matter how trivial or even banal the events depicted in them are, is bound to pull a smile from all but the stoniest of faces. That the overall idea of the stories here isn’t anything particularly new or individual, doesn’t hurt the work at all, and the archetypal quality of the stories ends up a virtue at many points. Baby Boom is a book about how the world is a beautiful place, how living in it can be a very wonderful thing, and how the presence of others is what keeps happiness alive in us. The comic’s standout sequence, however, comes near its end, and it suggests that Yokoyama may cherish what he has found in his exploration of pure humanism, but he is not fully satisfied by it. Six stripped down, backgroundless eight-grid pages of father and son contorting themselves in expressive dance moves beneath the glitter of a disco ball suddenly explode into widescreen, pyrotechnic shots of a huge crowd gyrating beneath strobing spotlights, the color scheme changing violently with every new page, culminating in one of the book’s only two uses of black linework. Two pages later the characters are flying out into the starry embrace of space. It’s about as purely musical as comics have ever gotten, as immediate and propulsive as the bass kicking in under the percussion track on a dance club’s roaring sound system. Yokoyama uses color and a newfound sympathy for characters to bring the human into his comics’ topics of discourse in Baby Boom, but by the time the book finishes it seems like what he really wants to do is cut heads with eye-popping, formalist color comics. Thankfully, in Color Engineering, his most recent release, he does just that — and with a mastery that few before him have. […] Like only a few before him, all of whom are enshrined in whatever underwhelming immortality comics is capable of giving them, Yokoyama is making work so far ahead of the curve that it’s hard to know what to do with it. The very idea of Yokoyama rip‑off comics seems laughable: this is and always has been content that couldn’t possibly be divorced from the beautiful lines that create it, and vice versa. It seems unlikely indeed that stories about giant machines and uninformed architectural criticism will become the next catching thing in comics, and while there are plenty of artists working the line between canvas and cartoon or figuration and abstraction, none are doing it with such elevated skill or such intelligence of theory. With his last three books Yokoyama has pulled off a triumph of lit‑comics, a triumph of art‑comix, and an achingly gorgeous thing that sits somewhere in between. As with all great works, the only answer is probably to let their effect on the form work itself out. Truly special work, after all, only elevates its medium. Yokoyama has given us three pieces of art that are very special indeed, and it seems to me that the only reaction worth actively pursuing is to read them. [-]

Connaissez-vous les œuvres de Yûichi Yokoyama ? Son nouveau manga, Baby boom, arrive [+]

Connaissez-vous les œuvres de Yûichi Yokoyama ? Son nouveau manga, Baby boom, arrive chez Matière. Avec un style reconnaissable entre mille, Yûichi Yokoyama avait déjà surpris lorsqu’il avait signé Jardin, Voyage ou encore Combats (tous édités chez Matière). Voici donc son nouveau recueil, Baby boom. Il s’agit une nouvelle fois de planches rapidement effectuées, très cinématographiques. Àl’aide de ses feutres de couleur, Yokoyama expose des scènes d’enfance et de découverte. [-]

Les Éditions Matière publient un sixième manga de l’auteur underground Yûichi Yokoyama [+]

Les Éditions Matière publient un sixième manga de l’auteur underground Yûichi Yokoyama. Intitulé Baby boom, il a la particularité d’être la première BD qu’il réalise entièrement en couleur. Dans ce one-shot, on suit deux personnages récurrents exerçant tout un tas d’activités propres à l’enfance. L’un est représenté sous la forme d’un oiseau (l’auteur se dessine souvent ainsi), l’autre sous la forme d’un poussin. L’éditeur nous présente ce titre comme moins expérimental que ses œuvres précédentes et plus facile d’accès. À noter que l’impression fera l’objet d’une attention toute particulière, utilisant six couleurs offset, dont deux fluo. [-]