Sammy Stein
Venu au monde trop tard, n’ayant pu connaître ni la tendre houlette de Peyo ni la rude férule d’Hergé, Sammy Stein dut se résoudre à fréquenter les bancs de l’École des beaux-arts de Paris. Farouchement artiste — et même, disons-le, un artiste bohème comme notre siècle ne les conçoit guère —, Stein est aussi voyageur, arpenteur de galeries et de lieux en marge, amateur d’à-côté et d’étrange, inlassable scrutateur des phénomènes atmosphériques, volontiers secret, fin connaisseur des musiques actuelles, lecteur avide de nouveautés, microéditeur alerte.
Il est l’un des fondateurs et animateurs de Collection, revue consacrée au dessin contemporain, et l’éditeur (avec Alexis Beauclair, Bettina Henni et Séverine Bascouert) de la revue de bandes dessinées Lagon.
L’essentiel de l’énergie de Sammy Stein va cependant au dessin. Au fil des publications, clarifiant une ligne de plus en plus acérée — une ligne cursive tracée sur écran : vive, souvent brisée, reprise, décalée, déplacée, assurée sans être assertive, calibrée sans être asservie —, Sammy Stein élabore des récits orientés selon deux pôles. Un pôle exploratoire aimante des aventures improvisées au fil du trait, aventures tantôt dérisoires tantôt épiques où le paysage, les jeux du hasard et du cosmos, pourquoi pas ?, malmènent des êtres frêles bien peu de taille à les affronter. Les Couloirs du temps (éditions En Marge, 2010) est le prototype de ces histoires d’aventure. Le second pôle, descriptif, recueille des séries de processus, d’actions et d’observations. Ce sont les dangereuses recettes de cuisine livrées en quatrième de couverture des volumes Parade, les tracés géométriques de Crayons, la collection d’art décrite dans Volcan…
Dans l’une comme dans l’autre de ces veines — l’une faisant la part belle à l’esprit, l’autre à la matière —, Stein reste attentif à suivre le fil de sa fantaisie et à capter des émotions fugaces, aussi authentiques que ténues. « Aventures et/ou sentiments » affichait sans complexe l’une de ses couverture : c’est ainsi que l’intempestif Sammy Stein, frôlant le gouffre du présent, caracole entre un passé de carton pâte et un futur tracé au laser.
REVUE DE PRESSE
« Se faire une bande… De quelques modes de consommation anciens et récents des cases de bandes dessinées », De nouveaux sillons (Nancy, Ensad, 2021), Frédéric Wecker, 27 décembre 2021Crayon (16 pages, 2017), manifeste pour un auto-engendrement rigoureux du récit.
Auto-édité durant l’été 2014, Fireworks expose le labeur d’un honnête sculpteur tâchant de fixer dans la pierre la vision fugitive et dynamique des fusées qu’il tire en solitaire.
Page extraite de Retour vers le centre (12 pages, publié en 2015).
Des aventures maléfiques, de la malédiction, du tourment, des ongles abîmés et une recette exclusive en fin de numéro. C’est Parade.
Extrait de la contribution au n° 4 « Monuments & Forms » de la revue S-S (Bruxelles, Super-Structure, 2016).