Citations pour le président SarkozyJuan Pérez Agirregoikoa & Gilles Grelet
La Révolution culturelle a eu les Citations du président Mao Tsé-toung. En un temps qui fut le nôtre, nous avons cru bon de réunir ces Citations pour le président Sarkozy : une mise en regard de citations d’images et de citations de textes formant dispositif, celui, tout symbolique, d’un miroir tendu et d’un contrepoint offert, afin moins d’organiser l’instruction d’un individu, à charge ou à décharge, que de servir la fonction qu’il occupe, de lui être d’un certain usage, non dans le registre mondain du supplément de lustre et de prestige mais dans l’ordre subjectif, axiomatique et institutionnel, mélancolique et théâtral auquel l’ont convoqué la sentence du suffrage universel et le libre jeu de la démocratie-marché. Son Petit Livre rouge à lui.
Les citations d’images, réalisées à l’aquarelle par Juan Pérez Agirregoikoa, présentent, à partir d’images de presse, le président seul, nettoyé de toute compagnie parasite — un art du portrait qui tout à la fois renoue avec un antique réalisme-socialiste et inaugure l’ère très contemporaine d’une peinture nettoyée « au Kärcher ». Les citations de textes, propositions détachées d’œuvres contemporaines pour la plupart, ont été choisies par Gilles Grelet en fonction d’une exigence : que leur montage, entre elles et avec les images, articule une proposition de théorisme — d’enfance de la théorie, comme on dit d’enfance de l’art — à l’occasion de monsieur Nicolas S. et pour le timonier Sarkozy. Celui qu’on a eu. Celui qu’on méritait, disent les urnes.
broché, 15 x 11 cm
EAN 9782916383071, 24 euros
« L’ampleur du recours à la citation, chez un auteur qui se déclare lui-même mélancolique, nous invite encore à nous interroger sur le rapport entre la mélancolie et l’insertion perpétuelle d’un discours d’emprunt au sein du discours propre. Si c’est là, d’une part, l’attestation d’un savoir, c’est aussi, d’autre part, un aveu d’« insuffisance » (pour reprendre, encore une fois, une expression de Montaigne). Céder si constamment la parole à ceux que l’on tient pour mieux‑disants pourrait être la conséquence du sentiment d’infériorité, voire de dépersonnalisation, dont souffre la conscience mélancolique : il lui faut des soutiens, des appuis extérieurs, des garants. Elle ne dispose pas de ressources propres en quantité suffisante. Elle se bourre de substance étrangère pour combler son propre vide. »
extrait de Citations pour le président Sarkozy (extrait de Jean Starobinski, « Démocrite parle. L’utopie mélancolique de Robert Burton », Le Débat, n° 29, mars 1984, Paris, Gallimard, pp. 54‑55.)
« Si d’aventure le lecteur avait le sentiment de comprendre, qu’il soit rassuré : il n’aura rien compris, car il n’y a rien à comprendre. »
incipit de Citations pour le président Sarkozy (extrait de Louis Althusser, « Sur le transfert et le contre‑transfert » [1973], in Olivier Corpet & François Matheron (dir.), Écrits sur la psychanalyse. Freud et Lacan, Paris, Stock/Imec, 1993, p. 175.)
Expositions de planches originales de l’ouvrage.
Vernissage en présence de Juan Pérez Agirregoikoa, mardi 20 octobre à partir de 18h30.
6 rue des Panoyaux, Paris 20e
du 20 octobre au 8 novembre 2009
Exposition de planches originales de l’ouvrage dans les vitrines côté rue Saint‑Benoît — du côté de chez Marguerite Duras, donc.
170 boulevard Saint‑Germain, 6e arrdt.
du 10 avril au 20 mai 2009